Inside

La faute à une Switch envahie par des titres indépendants de qualité, la quête du dépilage est aujourd'hui encore interrompue, au profit du jeu/expérience Inside, le bébé de Playdead, développeur du fameux Limbo. Héritier direct de son prédécesseur, Inside arrivera-t-il à ne pas pâlir face à un milieu indé qui a énormément évolué depuis l’époque de son aîné ?

Fiche Technique

  • Genre : Narrative-Platformer / Simulateur de maltraitance d’enfant
  • Titre original : INSIDE
  • Date de sortie : [Xbox One] 29/06/2016 - [Switch] 28/06/2018
  • Développeur : Playdead
  • Editeur : Playdead
  • Plateforme : PC, PS4, Xbox One, iOS, Switch
  • Directeur : Arnt Jensen

Contexte de jeu

  • Jeux du même genre déjà faits : Limbo (PC), Closure (PC), Thomas Was Alone (PC).
  • Attente : Forte.

Unstack Story

Il n’est pas évident de passer après un titre qui a marqué son temps, et les gens de chez Playdead ont dû mettre les bouchées doubles, pour réussir à faire d’Inside un jeu qui ne soit pas “une suite de…”. D’autant plus, qu’avec nos yeux de 2018, il nous faut réévaluer la qualité de Limbo. Fleuron du jeu indé, à l’époque où l’on en parlait pas tant que ça, Limbo a rencontré un véritable succès critique. Mais, au contraire d’un Braid, un Fez ou un World of Goo, il faut reconnaître qu’il a plutôt mal vieilli. Ses tableaux d’énigmes/plateforme sont plutôt basiques, et son ambiance malsaine a tant de fois été copiée qu’on en fait une overdose. Surtout quand l’on voit la qualité graphique, beaucoup plus poussée, des jeux qui sont sortis depuis. Oui, il a marqué les esprits, mais s’il sortait à l’heure actuelle, il passerait inaperçu, le jeu vidéo n’ayant plus besoin de se prouver qu’il peut être sombre et mature.

Capture d'écran

Alors qu’en est-il d’Inside ? Le jeu reprend de son prédécesseur le concept d’une succession d’énigmes basées sur la physique, à coup de blocs à pousser, de leviers à tirer et de sauts à synchroniser. On y contrôle un jeune garçon sans visage, vêtu d’un pull rouge, fuyant on ne sait quoi, dans une forêt obscure. Entièrement en 2.5D, on l’accompagne dans sa course interminable, de gauche à droite, alternant entre la fuite, poursuivi par des hommes en noir et leurs molosses, et la réflexion, pour se frayer un passage entre les obstacles qui se dressent sur notre route. Il hérite aussi de la physique organique de Limbo, pas toujours évidente à prendre en main, et privilégiant l’animation de votre personnage. Et rassurez vous, vous serez, ici aussi, emmener à maltraiter l’enfant que vous contrôlez, l’envoyant souvent à la mort, Inside étant (un peu trop) un Die&Retry.

Pour l’instant rien de nouveau. Mais ici, Playdead s’est creusé la tête pour nous proposer une diversité de gameplay intéressante, et une expérience au rythme maîtrisé. Finissable en 3 ou 4 heures, Inside est une expérience qui nous transporte, nous stresse, nous laisse en haleine, et une fois finie, nous laisse pensif, l’esprit retourné par ce que nous venons de voir et de vivre. Un jeu plein de symbolisme, parlant des angoisses de la société moderne, agressant le corps, exploitant l’humain et l’animal, le tout raconter uniquement par ses environnements et son gameplay. On en sort avec des images fortes en tête, et des souvenirs troubles.

Capture d'écran

Tout cela se doit à un visuel époustouflant et une mise en scène vertigineuse. C’est le point le plus fort du jeu, celui qui nous prend aux tripes, et démontre la maturité qu’a acquise le studio danois en terme technique et graphique. Le jeu est en 3D, très stylisé, et nous expose un travail impressionnant d’éclairage, de perspectives et de jeu sur les différents plans d’actions. Il a ce génie qu’on les jeux magnifiques, qui nous donnent l’impression de jouer dans un court métrage d’animation, à la direction artistique unique, que, malheureusement, les captures d’écrans de la Switch ne mettent pas entièrement en valeur. Tout ce travail est focalisé pour créer une ambiance inquiétante, stressante, montrant la vulnérabilité de notre protagoniste dans un monde qui cherche à l’écraser. Cette fragilité est mise en emphase par l’animation de l’enfant, subtile et expressive, confondante de réalisme. On ne sait pas pourquoi il est là, ce qu’il fuit, mais on veut coûte que coûte, par empathie, qu’il parvienne à s’échapper.

Accompagné d’un sound design immergeant, laissant place au silence et aux échos de nos pas, récompensant nos réussites par des nappes chaleureuses, et ponctuant tout le temps l’action qui se passe à l’écran. Tous ces éléments font du jeu un véritable tunnel émotionnel, dans lequel on s’engouffre sans savoir où l’on va ressortir (et si on va ressortir).

Capture d'écran

Inside est l’un de ces jeux dont on ne veut pas trop parler, de peur d’en dévoiler trop et de gâcher l’expérience à nos interlocuteurs. La seul chose à dire, c’est “Allez y!”, invitez-vous dans cette fuite en avant, douloureuse et perturbante, laissez vous porter par son rythme et essayer de sauver ce petit bonhomme, tout fragile, vêtu de rouge.

Jijidici Written by:

Suite à de trop nombreux achats compulsifs, Jijidici s'est retrouvé avec une pile de jeux Gamecube, Wii et Wii U, et l'incertitude d'avoir le temps dans une vie pour y jouer. Il décida de se lancer dans une quête de dépilage, et de narrer, dans les "Unstack Stories", ses nombreuses aventures. Fervent joueur Nintendo, il n'hésitera pas à s'ouvrir à d'autres styles de jeu, allant même jusqu'à entamer sa collection Steam !

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